Au fil des années, les avancées technologiques ont joué un rôle clé dans la formation de l’industrie musicale. La progression est considérable; nous sommes passés des phonographes et magnétophones aux logiciels d’enregistrement digitaux et services de streaming. Les deux dernières décennies, marquées par de fortes innovations en matière de technologies digitales ont particulièrement bouleversé le monde de la musique, à tous les étages.
La technologie a changé la manière dont on crée la musique. Les compositeurs peuvent désormais produire des BO de films depuis leur “home studio”. Les musiciens peuvent aujourd’hui jouer pour leurs fans internationaux au travers de lives Twitch. Les auteurs-compositeurs peuvent enregistrer des albums et les sortir de manière digitale, au travers des plateformes de streaming, sans décrocher ni signer de contrat en maison de disque !
Pour les professionnels de la musique, les tenants et les aboutissants des moyens modernes en termes de technologie et d’affaires sont donc un savoir à acquérir à tout prix.
Comment l’ère du digital a-t-elle changé le business de la musique ?
Les avancées technologiques ont conduit à des changements monumentaux dans beaucoup d’aspects de l’industrie musicale. Les premiers outils et logiciels d’enregistrement numériques ont, dans une certaine mesure, rendu les procédés plus abordables et aussi plus simples. Les CD par exemple, ont manifestement amélioré la qualité de l’audio pour les consommateurs, et ont minimisé les coûts de production et de distribution.
Les technologies numériques ont, dans un premier temps, conduit à la croissance de l’industrie de la musique. Puis, Napster est apparu. Internet s’est transformé et est devenu assez avancé pour que les utilisateurs puissent eux-mêmes partager puis télécharger de la musique en ligne. Cela a donc créé une nouvelle ère pour le piratage : il ne s’agissait plus seulement de doubler des bandes et de graver des CD ! Les gens pouvaient maintenant télécharger virtuellement n’importe quelle chanson de leur choix, au travers de plateformes de partage de fichiers, et cela gratuitement.
Cela a donc fait chuter les revenus de l’industrie musicale. Suite à cela, des plateformes payantes de distribution de musique en ligne (la plus connue étant iTunes) ont rapidement vu le jour, après que Napster ait révolutionné la monétisation des téléchargements numériques.
Les services de streaming comme Deezer ou Spotify ont plus récemment bousculé la manière dont les gens consomment la musique. Cependant, pendant que ces plateformes constituent aujourd’hui la majorité des ventes de l’industrie musicale, les bénéfices ne sont toujours pas revenus à ce qu’ils étaient avant l’ère Napster.
Est-ce que l’influence des avancées technologiques sur l’industrie musicale est négative ?
Alors que la révolution numérique de la musique a indéniablement fait du mal aux géants de l’industrie en termes de ventes, elle a aussi permis de remettre à niveau égal le terrain de jeu entre les grosses entreprises et les labels indépendants. Les avancées dans les « home studio » permettent aux musiciens d’enregistrer à très bas prix, et la pandémie de COVID a ainsi ouvert la voie à de nouvelles possibilités. Ainsi, beaucoup d’artistes ont essayé ce mode de fonctionnement alors qu’ils étaient confinés chez eux. On peut par exemple citer Elton John avec son album « The Lockdown Session », enregistré pendant la pandémie, ou celui de la chanteuse pop Charli XCX nommé « how i’m feeling now ». L’artiste britannique dévoile avoir mis en pause tous les projets qu’elle avait en cours, pour se lancer le challenge de créer un album entier en un peu plus d’un mois.
Les plateformes de distribution numérique donnent aussi la possibilité aux artistes et aux petits labels d’éviter les grands canaux de distribution entièrement contrôlés par l’industrie, alors que les réseaux sociaux et autres sites de streaming de vidéo permettent aux artistes de se connecter directement avec leurs fans (tout en réduisant les budgets des campagnes de promo). En général, l’ère digitale a conduit à une démocratisation de l’industrie musicale, en améliorant les opportunités pour les artistes et pour les professionnels en tout genre.
Les technologies musicales innovantes font aussi partie intégrante dans la création de beaucoup de la musique moderne. Les instruments conçus par des logiciels et la technologie MIDI permettent aux artistes d’utiliser des millions de sons et apportent une infinité de possibilités dans la création de leur musique. Les musiciens peuvent donc programmer et manipuler ces fichiers audios dans autant de façon qu’ils le souhaitent. Cela offre donc un énorme potentiel de créativité aux compositeurs et producteurs adeptes de la tech.
Comment les professionnels de la musique se sont ils adaptés à cette ère numérique ?
Les musiciens et les entreprises qui gravitent autour du monde de la musique ont dû diversifier leurs sources de revenus de manière créative pour compenser le manque de ventes. L’industrie de la musique live a toujours été une importante source de bénéfices pour les performeurs, les ingénieurs du son, les salles de concert, les promoteurs et les autres professionnels. Ainsi, beaucoup d’acteurs du milieu de la musique ont commencé à se concentrer de plus en plus sur la musique live, au vu de la situation du côté de la vente de disques.
Avant l’impact de la COVID-19, les concerts et performances ont vu une croissance régulière et importante durant les deux dernières décennies. Pendant la pandémie, les musiciens monétisaient leurs performances en live au travers des réseaux sociaux, en utilisant des liens menant à des cagnottes ou des services à l’accès privé et payant. On peut par exemple citer le concert géant « One World Together at Home » : une performance de 8 heures rassemblant plus de 70 artistes du monde entier, performant depuis chez eux et disponible gratuitement en live sur YouTube. Ce concert avait pour but de lutter contre la COVID-19 et de soutenir le personnel soignant, organisé par Global Citizen et Lady Gaga.
Les artistes et les maisons d’édition se concentrent aussi sur le placement de leurs musiques dans des publicités, des films et des séries afin de générer des revenus avec les licences et les royalties. Un parfait exemple de cela serait la B.O du film Marvel « Black Panther » qui mettait en avant des artistes de renom tels que Kendrick Lamar, SZA, Jorja Smith, The Weeknd, Travis Scott, Anderson .Paak, etc. Elle a remporté l’Oscar de la meilleure musique de film en 2019, et la chanson « King’s Dead » a remporté un Grammy.
Les professionnels maîtrisant les technologies musicales telles que les plateformes d’enregistrement numérique, la composition MIDI et les logiciels de programmation audiovisuelle explorent alors de nouvelles pistes de travail dans des industries en plein essor.
Le streaming vidéo en fait partie, avec des services comme Netflix qui créent et sortent continuellement du nouveau contenu. L’industrie des jeux vidéos voit aussi une croissance importante, en s’imposant totalement face aux autres industries.
Les ventes en physique, de retour en force ?
Les avancées technologiques ont mis l’industrie musicale à rude épreuve et lui ont causé beaucoup de tort, mais elles ont aussi ouvert des portes à des artistes émergents qui n’auraient peut-être jamais eu le succès qu’ils méritent. La démocratisation et la prolifération de la musique au travers de la technologie sont une aubaine pour les aficionados de la musique, tout comme l’opportunité de regarder un artiste en live, à des milliers de kilomètres. Les progrès de la technologie musicale ont stimulé la croissance et l’innovation dans la création musicale, et le meilleur reste à venir.
De plus, il est aussi important de mentionner que depuis 2021, les ventes de musique en « physique » sont de retour à la hausse. On peut par exemple citer la tendance des vinyles, dont les ventes en 2021 égalaient presque celles d’il y a 15 ans.
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