L’agrivoltaïsme est un système qui associe une production d’électricité photovoltaïque et une production agricole. La coexistence de panneaux solaires et de cultures, c’est une filière à la croisée des enjeux alimentaires et énergétiques.
De justesse l’Assemblée nationale a adopté le projet de loi Accélération des énergies renouvelables le 31 Janvier qui fixe les règles de cohabitation entre l’agriculture et les installations photovoltaïques.
L’avenir de l’agrivolatïsme
En France, seulement 16% de l’énergie totale provient d’énergies renouvelables. Le pays se situe donc en retard contrairement à de nombreux pays européens. Le bois, l’hydraulique, l’éolien et le solaire ont représenté 19,1 % de la consommation finale brute énergétique de l’Hexagone. Bien au-dessous des 23 % qu’ils auraient dû atteindre. C’est donc le seul pays de l’Union européenne à avoir manqué ses objectifs. Un retard que la France compte bien rattraper sur les prochaines années. De plus que de nombreux autres plans énergétiques ont été mis en place par le gouvernement pour réduire son impact en CO2 et ainsi atteindre la neutralité carbone d’ici 2050.
En France, le secteur agricole assure 20% de la production d’énergies renouvelables. D’après le rapport produit par l’Office parlementaire de l’évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST) en 2020, « cette production est amenée à croître de manière rapide pour atteindre l’objectif de la neutralité carbone en 2050. ».
L’agrivoltaïsme a donc un avenir prometteur, compte tenu de l’importante superficie de terres agricoles que la France possède et d’un très bon ensoleillement pendant les saisons estivales.
Les enjeux de l’agrivoltaïsme
Le principe de l’agrivoltaïsme est de pouvoir produire de l’énergie grâce aux panneaux photovoltaïques tout en offrant de l’ombre et de la fraîcheur aux plantations ou aux animaux. l’opérateur TSE a inauguré en juin 2022 sa première canopée solaire agricole à Amance, en Haute-Saône. Située au cœur d’une exploitation de 850 hectares, l’ombrière d’une puissance de 2,4 MW couvre une surface de 3 hectares où sont cultivés soja, blé, seigle fourrager, orge d’hiver, et colza. Les panneaux solaires suivant l’axe du soleil d’est en ouest, l’installation doit ainsi atténuer les stress thermique et hydrique de la période estivale.
D’après France Agrivoltaïsme, cette pratique doit satisfaire une des quatre conditions suivantes, telles qu’améliorer le potentiel agronomique des cultures, constituer un levier permettant aux agriculteurs de lutter contre les effets du changement climatique, aider à faire face aux différents aléas comme les sécheresse ou stress hydrique, contribuer au bien-être animal, et contribuer financièrement aux agriculteurs.
Dans la majeure partie des cas, l’agrivoltaïsme constitue un principe dont tous les partis en tirent des bénéfices.
Sur le papier, tout est beau, mais de nombreux agriculteurs se méfient et ont peur de ce qu’il pourrait se passer à l’avenir pour leur terres.
Les controverses
L’ADEME dans ses rapports de 2018 et 2019, Jérôme Mousset, chef de service à souligné « nous avons suffisamment d’espaces sur les toitures et les friches ».
Les agriculteurs se demandent alors pourquoi il y a une telle ruée industrielle vers les terres agricoles.
De nombreux d’entre eux se demandent s’ il n’est pas plus facile de négocier avec des agriculteurs endettés que de monter des projets impliquant une multitude d’acteurs pour installer des panneaux photovoltaïques sur des toitures, parkings, et autres installations plus coûteuses.
Un agacement de la part des agriculteurs qui est ajoutée par la nécessité d’artificialiser les sols avec des routes, des chemins, des clôtures, des poteaux d’ancrage etc. Un impact sur la capacité de la production agricole ainsi que la richesse de la biodiversité. De plus, les agriculteurs ont surtout peur que les entreprises s’accaparent leurs sols et que les accords entre eux et les multinationales deviennent compliqués.
L’association France Agrivoltaïsme, créée en Juin 2021, répond et accompagne les agriculteurs comme les industriels sur le sujet de l’agrivoltaïsme. L’association a fait un constat qu’il y a une mauvaise compréhension de cette pratique et que c’est un mot à définitions et à interprétations variables. France agrivoltaïsme se bat contre l’artificialisation des sols, la spéculation foncière et souhaite fédérer et instaurer un dialogue équilibré entre les acteurs de la filière au service de l’agriculture.
Nous sommes en plein renouveau de la production d’énergie. Le secteur énergétique se réinvente, imagine et conçoit de nouvelles manières de produire de l’énergie pour ainsi arriver à se passer des énergies fossiles. Mais c’est un avenir qui reste incertain pour l’agrivoltaïsme.