Les 10 accidents industriels les plus graves de l’histoire

Avec le développement industriel et les progrès technologiques, de nombreux accidents et catastrophes se sont produits. Avec des conséquences plus dévastatrices que d’autres, tous auront marqué l’histoire pour toujours. Parmi lesquels, certains resteront, encore aujourd’hui, des cas d’école. Et auront conduit à mettre en place, ou renforcer, la réglementation en vigueur. D’autres auront même fait l’objet de procès. Nous vous proposons de revenir sur les 10 accidents industriels les plus graves de l’histoire.

Italie : Effondrement du barrage de Vajont à Longarone

02 décembre 1959 : Des pluies diluviennes provoquent l’effondrement du barrage de Malpasset dans le Var. La région faisait alors face à d’importantes précipitations. La décision d’ouvrir la vanne pour faire baisser le niveau d’eau n’est prise que le 2 décembre à 18h. L’effet sera donc insignifiant puisque l’eau était déjà prête à déborder, déjà très au-dessus du niveau de sécurité du barrage.

C’est à 21h13 que le barrage s’effondre. Libérant près de 50 millions de mètres cubes d’eau. Ainsi, une onde de 40 à 50 mètres de hauteur déferle à 70 km/h dans la gorge dans les quartiers ouest de Fréjus. Les habitants et ouvriers aux alentours, tous chez eux, se font surprendre. En seulement 20 minutes le bilan final est terrifiant. En résulte 423 morts, dont 135 enfants. Sans oublier des dégâts considérables :

  • 155 immeubles entièrement détruits
  • 1 000 hectares de terre agricole ravagés
  • De nombreuses routes et voies ferrées détruites

À la suite de ce grave accident industriel, plusieurs experts ont commencé à établir des scénarios explicatifs. Des causes humaines ont ainsi été trouvées. En effet, l’ordre de vidanger fut pris trop tardivement. Mais encore, les travaux préparatoires à la construction du barrage manquaient de rigueur. Toutefois, le mystère reste entier encore aujourd’hui sur les éléments précis ayant déclenché cet incident.

France : Effondrement du barrage de Malpasset dans le Var

09 octobre 1963 : Un glissement de terrain frappe le barrage de la vallée Vajont, située à la frontière entre le Frioul-Vénétie Julienne et la Vénétie. Il s’agit de la plus grande catastrophe écologique de l’époque. A 22h39, un immense bloc de terre se détache du Mont Toc. Provoquant un glissement de terrain sans précédent et de gigantesques vagues d’environ 250 mètres.

La masse d’eau engloutit les villes de Longarone, Pirago, Rivalta, Villanova et Faè. Sans compter les nombreux petits villages environnants. Selon les estimations, le bilan final s’établit entre 1 900 et 2 100 morts. Parmi lesquels seulement 790 ont pu être identifiés. En cause, plusieurs facteurs défavorables confirmés par les investigations post-accident :

  • Configuration géologique complexe du site
  • Variations de niveau du lac de retenue
  • Fortes pluies survenues la semaine précédant l’accident

À la suite de quoi onze responsables sont poursuivis. Parmi lesquels, un se suicide et deux autres meurent avant la fin du procès. Seulement l’ingénieur en chef du projet sera condamné à une peine de 5 ans de prison, réduite ensuite à un an. Les autres responsables, techniques comme politiques, sont absous faute de preuves. Il faudra attendre 1997 pour que la SADE et ENEL soient condamnées à verser des indemnités aux communes détruites

Effondrement du barrage de Malpasset dans le Var

Italie : Explosion d'un réacteur chimique à Seveso

10 juillet 1976 : Un réacteur explose dans l’usine chimique Icmesa, située à Meda, près de Seveso en Lombardie. À la suite de la surchauffe de ce réacteur, un nuage toxique contenant des dioxines s’échappe dans les campagnes environnantes. Sept communes sont touchées et 358 hectares sont contaminés. Cette catastrophe est notamment due à l’absence de plan d’urgence préparé par la société responsable de l’usine.

A la suite de ce grave accident industriel, 15 000 habitants de Seveso doivent être évacués. Parmi lesquels beaucoup souffrent de troubles sévères, mais aucun décès humain n’est recensé. En revanche, environs 3000 animaux domestiques sont tués par les émanations. Sans oublier les plus de 70 000 animaux d’élevage abattus par la suite. Les sols agricoles et les habitations seront également durablement pollués et la zone condamnée. En conséquence, une enquête sur les circonstances du désastre est alors menée.

L’enquête achevée, le verdict tombe le 26 septembre 1983. Parmi les accusés, quatre seront condamnés à quatre ans de prison. Et reconnus coupables d’omission de mesures de sécurité et de catastrophe par imprudence. Cet accident chimique entraînera aussi l’essor d’une prise de conscience des risques industriels et technologiques. Ainsi que l’instauration d’une politique commune de prévention des risques par la Communauté économique européenne (CEE).

Explosion d'un réacteur chimique à Seveso

France : Naufrage de l'Amoco Cadiz au large des côtes bretonnes

16 mars 1978 : A 21h39, suite à de mauvaises conditions météorologiques, le supertanker Amoco Cadiz s’échoue en bordure des côtes bretonnes sur les récifs de Men Goulven en face de Portsall, dans le Finistère. Aucun décès ne sera déploré. A ce jour, c’est la plus grande marée noire en France, provoquant un scandale écologique mondial. Ce naufrage marquera l’histoire à tout jamais.

Pendant plus de deux semaines, le navire libèrera plus de 220 000 tonnes de pétrole dans l’océan. Les répercussions sur la population sont nombreuses : environnementales, économiques et politiques. De plus, moins de 10% du pétrole a pu être récupéré. Il faudra 6 mois pour nettoyer les côtes et plus de 7 ans pour que les espèces marines et l’ostréiculture récupèrent totalement de cet incident. En conséquence, le secteur touristique est en péril et les pêcheurs bloqués à terre en raison de la pollution de la mer. Les huîtres et les poissons sont également empoisonnés. Sans oublier la mort de plus de 40 000 oiseaux.

Le 27 mars 1978, près de 15 000 personnes se réunissent à Brest. Dont des syndicats de pêcheurs et des groupes étudiants. Par la suite, l’État et les communes de Bretagne touchées par la catastrophe décident de mener un combat juridique contre la société Amoco devant la justice américaine à Chicago. Après 14 ans de procédure complexe et tendue, Amoco est finalement condamnée. Les collectivités bretonnes et l’Etat français recevront alors 1,25 milliards de francs, environ 190 millions d’euros.

Naufrage Amoco Cadiz sur les côtes bretonnes

Inde : Explosion de l’usine de Bhopal

03 décembre 1984 : Dans la nuit du 02 au 03 décembre, une explosion survient dans l’usine de pesticides de l’Union Carbide. La catastrophe fait suite à une fuite accidentelle d’eau dans un réservoir de stockage de méthyl isocyanate. Provoquant ensuite la libération d’un nuage de gaz toxique de 25 kilomètres carrés et de 40 tonnes. C’est la plus grande catastrophe chimique de l’histoire.

Cette pollution chimique fait alors de très nombreuses victimes, principalement installées dans les bidonvilles près de l’usine. Selon les associations de victimes, 8000 personnes seraient mortes dans les 72 heures et 20 000 dans les 10 années suivantes. Il reste impossible de dresser un bilan avec exactitude en raison de la pauvreté de la population touchée. Car parmi ces victimes, nombreuses sont celles qui seront ensuite handicapées à vie et autant qui seront nées ensuite avec des malformations importantes.

Cette explosion faisait alors suite à des déficiences récurrentes du système de sécurité, connues mais occultées pour des raisons économiques. Pour finir, l’entreprise américaine Union Carbide s’est volatilisée administrativement. Puis a été rachetée par la multinationale Dow Chemical qui refuse de dépolluer le site et d’indemniser les victimes comme il se doit. Ainsi trente ans après, rien n’a changé. Avec encore beaucoup de naissances d’enfants malformés suite à la consommation de l’eau des nappes phréatiques toujours contaminées…

Explosion de l’usine de Bhopal

URSS : Explosion du réacteur 4 de la centrale de Tchernobyl

26 avril 1986 : Dans la nuit du 25 au 26 avril, le réacteur 4 de la centrale nucléaire V.I. Lénine de Tchernobyl explose et prend feu. Les conséquences sanitaires, écologiques et économiques sont importantes. En cause, le non-respect des règles de sécurité lors du test d’un réacteur. En effet, le réacteur aurait dû être arrêté. Car le nombre de barres non-insérées dans son cœur était inférieur au nombre requis.

Il s’agit du plus grave accident industriel, de magnitude 7. Avec un taux de radiations 400 fois supérieur à celui enregistré avec la bombe larguée sur Hiroshima. Car l’incident provoquera par la suite un nuage radioactif, polluant la région. Plus de 200 000 personnes seront définitivement évacuées et entre 43 et 4000 sont mortes, selon les sources.

Le nuage radioactif se propage ensuite en Europe. Touchant d’abord la Biélorussie voisine et la Scandinavie. Il traverse la France puis remonte vers le Luxembourg et la Belgique. Et ainsi de suite… En quelques semaines, le nuage radioactif recouvre une superficie évaluée à 3,9 millions de km2, soit environ 40% de la superficie de l’Europe. Les populations et le milieu naturel de plusieurs pays ont subi de plus ou moins lourdes conséquences.

Explosion du réacteur 4 de Tchernobyl

France : Explosion de l'usine chimique AZF à Toulouse

21 septembre 2001 : 300 à 400 tonnes de nitrate d’ammonium explosent dans l’usine d’engrais azotés AZF, filiale de Total. Creusant alors un cratère de forme ovale de 70 mètres de long, 40 de largeur et 5 à 6 mètres de profondeur. D’une magnitude 3.4, la détonation est entendue à plus de 80 km de Toulouse . Cette explosion figure parmi les plus graves impliquant du nitrate d’ammonium.

Le bilan final établit 31 morts et 2500 blessées. La majorité des victimes subit les effets directs du souffle de l’explosion. Mais aussi ses effets indirects en étant touchés par des objets portés par ce souffle, notamment des morceaux de verre. Avec une centaine d’établissements scolaires endommagés, la ville a connu de nombreux dommages. Les dégâts matériels au sud-ouest de Toulouse ont ainsi été chiffrés à plus de 2 milliards d’euros. Dont 33 millions pour des bâtiments publics.

Ce grave accident industriel fut l’occasion de lancer un débat sur les risques liés à l’implantation de certains sites industriels en milieu urbain. Car bien qu’elle fût construite à la campagne en 1924 , l’expansion de la ville l’avait progressivement intégrée à la zone urbaine . Et elle n’avait pas été déplacée en dépit de son classement Seveso. De fait, elle se trouvait alors au milieu d’une zone groupant environ 50 000 personnes et de nombreuses activités .

Explosion de l'usine chimique AZF à Toulouse

Japon : Accident à la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi

11 mars 2011 : Un séisme, puis un tsunami, provoquent la fusion des cœurs de deux réacteurs de la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi. A partir de 5h46, un tremblement de terre d’une magnitude de 9.0 se produit près de la principale île du Japon. Provoquant un arrêt automatique des réacteurs en service, la perte accidentelle de l’alimentation électrique et le déclenchement des groupes électrogènes.

51 minutes plus tard, un tsunami provoqué par le tremblement de terre, aborde la côte orientale. A ce jour, c’est la deuxième catastrophe de centrale nucléaire de l’histoire classée au niveau 7. Par la suite, 315 000 habitants seront évacués. Sans oublier le coût de la décontamination des sols et la reconstruction de la centrale d’environ 150 milliards d’euros. La décontamination étant toujours en cours aujourd’hui.

Aujourd’hui encore, cet accident industriel ne reste toujours pas sans conséquences. En début 2021, la préfecture de Fukushima, comptabilisait 2 317 décès indirects dus à des suicides ou à une dégradation des conditions de santé à la suite de l’évacuation. Sans oublier que dix ans plus tard, des terres restent durablement contaminées. Avec de nombreuses zones rouvertes aux habitants également encore contaminées.

110312-N-0000X-003.SENDAI, Japan (March 12, 2011) An SH-60B helicopter assigned to the Chargers of Helicopter Antisubmarine Squadron (HS) 14 from Naval Air Facility Atsugi flies over the city of Sendai to deliver more than 1,500 pounds of food to survivors of an 8.9 magnitude earthquake and a tsunami. The citizens of Ebina City, Japan, donated the food, and HS-14 is supporting earthquake and tsunami relief operations in Japan as directed. (U.S. Navy photo/Released)

Bangladesh : Effondrement du Rana Plaza, un immeuble de Dacca

24 avril 2013 : Le Rana Plaza à Dacca, capitale du Bangladesh, s’effondre. Immeuble de 8 étages abritant 6 usines de confection de vêtements, il s’effondrera sur les 5000 ouvriers et ouvrières qui y travaillaient alors en nombre. Cette catastrophe aurait pu être évitée. En effet, plusieurs ouvriers avaient déjà pu constater d’importantes fissures dans le bâtiment la veille.

Bien que beaucoup refusaient alors de rentrer dans le bâtiment, ils furent obligés de retourner travailler. A 9 heures du matin, l’immeuble s’effondre. Les victimes se retrouvent prises au piège dans un enchevêtrement de blocs de béton et de ferrailles. Le bilan final est de 1138 morts et plus de 2000 blessés, dont 340 grièvement. Et beaucoup de ceux ayant péri dans l’effondrement n’ont jamais pu être identifiés.

Mondialement médiatisé, l’effondrement de l’immeuble a éveillé les consciences des consommateurs et des consommatrices. Il a également mis en lumière les conditions de production déplorables de l’industrie textile. Malgré une évolution forcée des conditions de production des travailleurs concernant les questions sécuritaires et salariales, cela reste encore minime et insuffisant. Les manifestations ouvrières et les grèves se poursuivent donc encore aujourd’hui.

Effondrement du Rana Plaza, un immeuble de Dacca

Liban : Explosion d’un stock de Nitrate d’ammonium dans un entrepôt

04 août 2020 : Deux puissantes explosions se font ressentir à Beyrouth, la capitale du Liban. L’une dans le port de Beyrouth, et l’autre dans un hangar situé sur le port. Provoquant l’effondrement de nombreux bâtiment, l’onde de choc correspondait à un séisme de magnitude 3,4 sur l’échelle de Richter. Soit l’équivalent de 20 à 40 tonnes de TNT. Celle-ci perceptible jusqu’à 75 km de distance.

Cet accident industriel fut causé par un stock de 2750 tonnes d’un puissant herbicide, le nitrate d’ammonium, dans un hangar du port de la capitale libanaise. Le bilan final s’établit à 214 morts et plus de 6500 blessés. Sans oublier les 300 000 personnes forcées à se déplacer à la suite de ces destructions massives. L’explosion ayant provoqué des dégâts jusque dans un rayon de 20 kilomètres. Un an après la catastrophe, les dégâts sont estimés à 4 milliards d’euros selon la Banque mondiale.

Le pays reste encore aujourd’hui très impacté par cette catastrophe industrielle. Avant l’explosion, le port de Beyrouth était le point d’entrée de plus de 80 % des importations du pays. L’approvisionnement en biens alimentaires et commerciaux essentiels a alors été totalement interrompu. Selon les autorités, plus de la moitié de la ville a été détruite ou gravement endommagée. Sans oublier quelque 300 000 personnes devenues sans-abri.

Au cours de l’histoire, nous aurons connu de nombreux accidents industriels graves. Les bilans, plus lourds les uns que les autres ne sont pas sans conséquences. Avec des causes généralement humaines, ou encore évitables, ils remettent en permanence notre mode de fonctionnement en question. Ainsi, nous devons cesser de privilégier les enjeux économiques au dépit des populations concernées. Afin de continuer à avancer vers plus de réglementation et de contrôle année après année.

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